Adeptes de la double file : la vidéo-verbalisation débarque à Aix

 

Publié le lundi 11 octobre 2010 à 11H24

 

Le stationnement sera désormais dans le viseur des caméras, procès-verbaux à la clef

Le stationnement gênant et/ou dangereux repéré par les caméras de video-surveillance pourrait bientôt être verbalisé.

Le stationnement gênant et/ou dangereux repéré par les caméras de video-surveillance pourrait bientôt être verbalisé.

Photo Serge Mercier

 

Poser sa voiture en double file le temps d'avaler un café ou acheter une baguette pourra désormais vous coûter 35€. Ceci, même si pas un uniforme n'est visible à la ronde, la caméra étant désormais l'oeil de la répression. Le conseil municipal a adopté le principe de la vidéo-verbalisation, en pratique depuis deuxans à Draguignan, Cannes, Valenciennes et bientôt Nice, et dont l'usage se généralise en France.

Comme le souligne Jules Susini, adjoint à la Sécurité, il n'en coûtera pas un centime à la ville (mais cela pourra lui rapporter beaucoup) puisque le dispositif s'appuie sur la vidéo-surveillance déjà en place : 37 caméras positionnées depuis trois ans (29 dans le centre, les autres à La Pioline et au sud-est).

Au Centre de supervision urbain, dans les locaux de la police municipale, huit agents assermentés balaient les rues de la ville 24heures sur 24 à des fins de prévention sécuritaire voire, d'intervention directe. Vols, agressions, dégradations, malaises sur la voie publique, accidents de la route, sont traqués. Mais déjà aussi les infractions au code de la route : une voiture qui zigzague dangereusement et peut laisser à penser que son conducteur est alcoolisé se fera courser.

Désormais, la caméra pourra être utilisée pour dresser des PV pour stationnement gênant et dangereux. La majorité municipale entend résoudre ainsi la congestion du centre-ville en partie imputable à l'incivilité : voitures garées en double file, sur des emplacements réservés aux livraisons, dans les couloirs de bus, sur des places réservées aux personnes handicapées, grossissent les embouteillages, ralentissent le flux des transports en commun et surtout, des véhicules de secours.

Pour mettre en place la vidéoverbalisation, la ville a besoin de l'accord du Préfet et du Procureur de la République, doit assurer l'information de ses administrés et finaliser le tout par des panneaux. Après, quand la caméra repérera une voiture "déviante", elle zoomera sur sa plaque d'immatriculation (jusqu'à 300 m), prendra deux photos avec un intervalle de temps pour comptabiliser la durée de l'infraction.

Ensuite, il suffira de rédiger le PV, se mettre en rapport avec le service des cartes grises, et poster le pli. Le contrevenant a 45 jours pour payer l'amende ou la contester. À ce jour, une seule contestation a abouti, à Draguignan: une automobiliste a fait valoir qu'elle stationnait en double file parce qu'elle attendait qu'une place se libère. D'où la nécessité pour les services de conserver les photos pendant un an, au cas où...

À Cannes, l'inflation de PV dressés avec ce système aurait permis de diviser par deux le temps de trajet des bus dans le centre. À Draguignan (39 000 habitants, 19 caméras et 12 agents assermentés), 538 verbalisations ont été dressées en 2009 et la fluidité serait aussi au rendez-vous. L'opposition s'est interrogée sur cette décision tout en reconnaissant les difficultés de circulation à Aix.

François Hamy (Verts) trouve néanmoins le processus "liberticide" et fait part des réserves formulées par la Cnil (commission nationale informatique et libertés) - la loi est d'ailleurs actuellement dépoussiérée pour mieux coller à l'extension de la vidéo-surveillance. Quant à Hervé Guerrera (Partit Occitan), il se demande "qui contrôlera les contrôleurs". Les caméras sont déjà paramétrées pour "flouter" tout visionnage quand il se porte sur les habitations. Paraît-il.

Carole BARLETTA (cbarletta@laprovence-presse.fr)

police municipale d'aix en provence