Publié le samedi 05 mars 2011 à 12H09
Les patrons de bars aixois souhaitent mettre de l'ordre chez eux. Ils incitent la préfecture à agir contre les débits de boissons qui n'ont pas la "licence IV".

La "tournée" des patrons de bars et de discothèques a commencé dans cet établissement de la place Ramus.
Photo edouard coulot
D'un côté, voici les bars et discothèques, établis depuis des années ou des décennies. Ils figurent au registre du commerce pour leur activité, ont acquis une licence IV (1) , sont soumis à une batterie de contrôles, emploient du personnel déclaré, paient une taxe professionnelle conséquente. Mais de plus en plus, à Aix, on voit apparaître des débits de boissons qui travaillent en dehors de tout cadre légal.
Jean-Paul Franceschi, le président de la branche "cafés et discothèques" de la fédération de l'industrie hôtelière (FIH) du pays d'Aix, les voit : "Ils vendent de l'alcool sans licence IV. Tous se transforment en "bar", en "discothèque", parfois jusqu'à 3 ou 4 heures du matin, sans contrôle sur le bruit, sur le personnel -déclaré ou pas- sur les alcools vendus. Comme cette activité est illégale, elle n'apparaît pas dans leur chiffre d'affaires, et ne donne donc pas lieu au paiement de la taxe professionnelle".
On l'aura compris, les patrons de bars et de boîtes de nuit n'apprécient pas cette "concurrence déloyale". Jeudi soir, une dizaine d'entre eux -les gérants du Mistral, La Joïa, le Divino, le Murano, L'Estello, de La Suite, et d'autres - a décidé de le faire savoir. Leur objectif: le Café New Yorkais, place Ramus, où était organisée une soirée étudiante, dûment annoncée sur Facebook, avec les prix : 2,50 € la bière, 5 € le verre, 60 € la bouteille...
"A ces prix-là, ce n'est pas du jus d'orange", commente l'un des patrons de bar. Las ! Averti en fin d'après-midi, le gérant a modifié la carte. Au grand dam des étudiants, réduits à siroter des bières, alors que d'habitude, comme l'ont reconnu certains d'entre eux, les alcools sont plus forts... Cela n'a pas empêché Jean-Paul Bonnet, le président de la FIH du pays d'Aix, et Jean-Paul Franceschi de dire au gérant : "On ne va plus vous lâcher". Plus tard, Jean-Paul Bonnet commentait : "Les gens qui ont des établissements en règle sont montrés du doigt pour le bruit, l'alcoolisme des jeunes, l'insécurité que cela entraîne, les bouteilles cassées qui jonchent les rues. Alors que ceux qui ne respectent pas la loi - et qui sont la vraie cause de tous ces problèmes - sont laissés tranquilles. Jusqu'à présent, la préfecture fait semblant d'ignorer cela. Nous avons voulu lui montrer la réalité".
(1) La licence IV permet de servir tous alcools, y compris en dehors des repas. La licenceR ("Restaurant") permet de servir les alcools uniquement pendant les repas. La licence III ne permet de servir que les alcools légers (bière, vin...).
Retrouvez aujourd'hui dans La Provence (édition Aix) un éclairage sur ce sujet : "Les jeunes boivent de plus en plus tôt".