MARSEILLE - Les membres présumés d'un réseau de malfaiteurs
qui avait pris en otage un commerçant pendant six jours et qui est
soupçonné, selon une source proche de l'enquête, d'être impliqué dans des
règlements de comptes, ont été interpellés mardi dans la région
marseillaise.
Voiture de police
AFP/Archives
Environ 200 policiers ont libéré mardi au petit matin cet
homme de 36 ans, enlevé le 8 décembre vers 06H30 par trois malfaiteurs,
dont l'un armé, devant le bureau de tabac de son frère situé dans le 15e
arrondissement de Marseille.
Il était retenu retenu depuis à Cellony, près
d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), dans une villa de type provençal un
peu en retrait des autres habitations.
L'alerte avait été donnée par un employé du tabac qui avait
été plaqué au sol durant l'enlèvement, selon une source proche de
l'enquête.
Les ravisseurs exigeaient de la famille une rançon d'un
million d'euros, dont la remise était prévue dans l'après-midi, "une
technique commerciale très connue qui consiste à demander beaucoup pour
obtenir 30%-40%", a expliqué le contrôleur général Roland Gauze,
patron de la DIPJ (Direction interrégionale de la police judiciaire), lors
d'un point de presse.
"Quatre geôliers armés" ont été arrêtés au cours de
l'opération, l'un d'entre eux dormant "à côté de l'otage ligoté et
avec une cagoule sur le visage", a-t-il précisé. La victime était "en
état de choc mais en relative bonne santé".
Des membres du GIPN escortent une personne arrêtée,
le 14 décembre 2010 autour d'une ferme près d'Aix-en-Provence.
AFP/Gerard Julien
Sur place, ont été retrouvés un pistolet mitrailleur, trois
pistolets automatiques, des liasses de billets, une trieuse et 500 à 600
grammes de poudre de cocaïne.
Dans le même temps, plusieurs interpellations ont eu lieu
dans 12 à 13 lieux de la région. Au total, "une douzaine de personnes
ont été placées en garde à vue", pour une durée pouvant aller jusqu'à
96 heures. Au cours de ces quatre jours, "on va essayer d'expliquer le
pourquoi du comment", a souligné M. Gauze.
Cette équipe, sur laquelle "nous travaillons depuis
plusieurs mois sur commission rogatoire de la juge Carole Sayouz, est
spécialisée dans le domaine du trafic de stupéfiants" et cherche à "asseoir
sa notoriété par le rapt". "On est clairement sur du banditisme
de cités", a-t-il ajouté.
Installés dans des villas cossues de la région aixoise,
certains membres présumés de cette organisation avaient également des
propriétés en Espagne, selon une source proche de l'enquête.
Ils sont soupçonnés d'être impliqués dans des règlements de
comptes qui ont touché récemment la région marseillaise, d'après la même
source. Une information qu'a refusé de confirmer Roland Gauze à ce stade.
"Je n'en sais rien", a-t-il dit, ajoutant: "Peut-être que
nous établirons ça, peut-être que nous ne l'établirons jamais".
Les investigations, menées "jour et nuit" depuis le
rapt dans une totale discrétion, ont été confiées à la DIPJ.
La Force d'intervention de la police nationale (FIPN), mise
en place fin 2009 et composée d'éléments du Raid et des GIPN de Marseille,
Nice et Lyon, est intervenue dans l'opération, aux côtés des BRI
régionales (Brigade de recherches et d'intervention).
Le Préfet de la région Paca Hugues Parant s'est félicité de
l'issue des investigations qui "démontre une nouvelle fois
l'efficacité de l'action conjointe des services judiciaires et des forces
de sécurité dans la lutte contre les multiples formes de banditisme des
cités".
Les règlements de comptes sanglants sur fond de trafic de
drogue dans les cités se sont multipliés en 2010 à Marseille, où les
effectifs policiers ont été renforcés après une fusillade à la Kalachnikov
qui a coûté la vie, le 19 novembre, à un adolescent de 16 ans dans les
quartiers nord.