La chambre régionale des comptes a rendu un rapport sur la politique de sécurité de la Ville. Interprétations

Jules Susini, adjoint à la sécurité, Gérard Bramoullé, adjoint aux finances, ont défendu leur politique de la sécurité. "Les résultats sont là", a appuyé Maryse Joissains.
Photo Sophie Spitéri
La fin, en politique, justifie les moyens. Principe posé en 1513 par Nicolas Machiavel. Et si la fin s'obtenait, sans nécessairement avoir mis en oeuvre les moyens demandés ? Le philosophe florentin s'en arracherait les cheveux. Sauf à venir suivre le conseil municipal d'Aix, où l'on débattit hier soir de cette question récurrente au bac philo. Cette fois, sur le thème de la sécurité. Le rapport d'observation élaboré par la Chambre régionale des comptes (CRC), sur la politique de sécurité de la Ville, a occupé une majeure partie de la séance du conseil municipal. Avec, au coeur d'un véritable Discours de la méthode de la sécurité aixoise "made in" Jules Susini, les lacunes pointées par la CRC. Au premier rang desquelles : "aucune politique globale de lutte contre l'insécurité et de prévention de la délinquance n'a été formalisée, aucun bilan véritable de la politique de sécurité n'a été établi". Critique relayée par l'opposition, dans ses premières questions, à laquelle Monsieur Sécurité a tenu à répondre.
"Aix, en 1999, était mal située, avec une délinquance supérieure à la moyenne nationale. On présente aujourd'hui des chiffres qui sont bons. Il me semble que le principal, c'est d'afficher une baisse sensible de la délinquance, n'est-ce pas? Alors que nous n'ayons pas établi de tableau de bord, ni mis en place un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (ndlr: CLSPD), cela n'importe-t-il pas moins, que de faire baisser les infractions?"
En bref, la fin sans les moyens. Pourquoi pas? Chiffres à l'appui. Entre 2002 et 2010: -21% pour les braquages, -33% pour les cambriolages, -76% pour les vols de deux- roues, -69% pour les vols de véhicules. La majorité, pour justifier ces chiffres, met en avant le renforcement des effectifs (de 70 à 100 policiers municipaux) et la coordination avec la police nationale. Et la (encore) très controversée vidéosurveillance. En trois ans, elle aurait permis 300 interpellations. L'occasion, pour le maire, d'annoncer l'extension du parc avec 20 caméras supplémentaires.
Face à la délinquance, prévenir ou s'adapter ?
Quid de l'absence de tableau de bord ? "À la délinquance, par principe, on s'adapte. Quand on constate des phénomènes particuliers, on déplace les patrouilles". Renfort de Gérard Bramoullé: "la CRC ne fait pas la différence entre obligation de moyens et obligation de résultats. Les résultats sont là, le seul reproche porte sur une approche bureaucratique. On est sur le terrain! La prévention, ce n'est pas seulement d'organiser des réunions". Même si, Maryse Joissains en a convenu : "Les résultats sont là. Et s'il faut se conformer à la règlementation et se mettre en règle, il est bien évident que ce sera fait".
L'invasion des terrasses
La démonstration se poursuit pour le CLSPD, qui ne s'est réuni que de manière parcellaire: "C'est un axe de la politique de la Ville". Les absents ayant toujours tort, celui-ci plus particulièrement, c'est Stéphane Salord qui, entre 2001 et 2008, était chargé du dossier. "Pour la prévention de la délinquance, on a une politique !", dégaine Maryse Joissains: "centres sociaux, crèches, sport, culture, emplois aidés".
Pour l'opposition, menée par Alexandre Medvedowsky, pas assez de considérations sociales, d'autant que la part des mineurs mis en cause a cru de 30%. Selon la CRC,"l'activité de la direction de la sécurité pour enrayer le développement de la micro-délinquance tenant au non-respect de la réglementation en matière d'occupation du domaine public (installation envahissante des terrasses), aux nuisances sonores et aux incivilités liées aux restauration et débits de boisson est relativement faible". Déplorant la lenteur des procédures judiciaires en la matière, Maryse Joissains promet: "La Ville continuera à saisir les instances judiciaires pour obtenir les condamnations des commerces qui ne respectent pas la réglementation. J'y tiens". Là où la volonté est grande, disait Machiavel, les difficultés diminuent. La délinquance aussi ?