Nouveau braquage commando, otage et coups de feu au cœur de Lyon

publié le 25.09.2010 04h00

 
 
Hier en plein centre de Lyon. Les malfaiteurs dotés d'armes lourdes laissent leur voiture portières ouvertes.
 Ils s'attaquent à un bureau de change et prennent un otage / Photo DR

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Cinq malfaiteurs ont attaqué un bureau de change hier après-midi, près de l'hôtel de ville de Lyon. Leur cible : de l'or et des devises. Récit complet

Braquage au 3 rue de la République

15 h 20, hier. Cinq individus en survêtement et baskets, cagoulés, sortent d'une Mercedes grise devant le bureau de change Global cash, à l'angle des rues de la République et rue Pizay, à Lyon 1er.

Les malfaiteurs s'agitent, armes lourdes au poing, au beau milieu des badauds, nombreux à cette heure d'une veille de week-end.

Laissant les portières ouvertes, ils sortent deux ou trois sacs du coffre du véhicule. Ils tentent un premier assaut sur la porte de l'établissement. Bloqués par le sas, ils reviennent à la charge avec une masse. Ils utilisent une disqueuse. Un outil qui n'est pas sans rappeler de précédents braquages similaires. Pendant que certains entrent dans le bureau de change, d'autres attendent à l'extérieur faisant le guet. Ils font signe aux passants médusés de s'arrêter. L'un monte même sur la Mercedes, comme une vigie dotée d'une arme lourde. « Les gens étaient en retrait, ils n'osaient pas trop bouger », raconte Laurent, qui assiste à la scène depuis son bureau, juste en face du bureau de change.

Pris en otage sans y croire

Un jeune homme, blouson vert et pantacourt marron, sac à dos, attend à l'arrêt de bus, rue de la République. Repéré par un braqueur, il est tiré par le bras, pris en otage, tenu en joue près du coffre de la Mercedes. Au début, il semble sourire, comme s'il ne réalisait pas, à l'image d'une foule incrédule. Durant de longues minutes, le quartier est saisi d'agitation. Un homme fait stopper les voitures, crie aux occupants de sortir pour se mettre à l'abri. Les trois autres malfaiteurs sortent du bureau de change. Selon une première estimation, leur butin se monte à 100 000 euros en différentes devises, avec 300 grammes d'or en prime.

Le début de la fuite

Ils embarquent l'otage avec eux dans la voiture. « Une fois les sacs dans le coffre, ils ont tiré deux coups de feu en l'air », raconte une passante. « Ils ont fait une marche arrière et pris la rue Joseph-Serlin », témoigne Yves, tout en notant : « La réaction de certains était curieuse. Il y avait presque des applaudissements ». « Dès que la voiture est partie, on a vu pas mal de brassards de police. Six ou sept voitures sont arrivées quelques minutes après », poursuit Laurent.

De son côté, La Mercedes prend une rue à contresens, débouche quai Jean-Moulin, tourne à gauche.

Un blessé par balle quai André-Lassagne

À ce moment, un automobiliste en Peugeot 106 sort du pont Morand. Le feu vient de passer au vert. « On a entendu une voiture arriver à toute vitesse, des armes qui sortaient par les fenêtres ouvertes » décrit une conductrice située juste derrière la 106. Gênés, énervés ? Les malfaiteurs font feu. Une balle passe sous le rétroviseur et atteint le conducteur au mollet. Il stoppe sa voiture le long du quai Lassagne. Quand il ouvre la portière, les vitres tombent. Il crie : « au secours, on m'a tiré dessus. » Le jeune homme sera transporté à l'hôpital Édouard-Herriot.

Les cinq braqueurs et leur otage tracent la route. La police arrive sur les lieux et quadrille le secteur. La foule s'agglutine.

L'otage libéré

Pendant ce temps, la Mercedes s'engouffre dans le tunnel de la Croix-Rousse. À la sortie, côté Saône, la voiture tamponne un taxi, percute plusieurs véhicules, avant de filer vers la Montée des Esses (Lyon 4e). L'otage est libéré. La voiture est abandonnée et incendiée, rue de la Poudrière (Lyon 1er). La police judiciaire lance une traque intense. Les enquêteurs sont persuadés d'être face à une équipe comparable aux gangs qui ont frappé ces derniers mois bijouteries, fabriques et casino, dans des conditions tout aussi audacieuses.

Dans la soirée, les témoins principaux sont entendus dans les locaux de la brigade de répression du banditisme. La Mercedes a été volée trois jours plus tôt à Saint-Priest. Les malfaiteurs restaient introuvables.

Farida Chadri, Christine Mérigot, Richard Schittly

police municipale d'aix en provence