Publié le vendredi 04 mars 2011 à 08H14
Malgré l'interdiction municipale, les ventes nocturnes se poursuivent

Malgré l'arrêté municipal du 30 septembre 2009 , on peut toujours acheter facilement de l'alcool après 21 heures.
Photo archives Serge Mercier
Plus d'un an et demi après l'entrée en vigueur de l'arrêté municipal
interdisant la vente d'alcool à emporter entre 21h et 8h dans un périmètre
débordant largement du centre-ville, l'heure
est au bilan. Les assoiffés de dernière minute comme les gourmets
rentrés du travail à heure tardive se sont rapidement adaptés à la nouvelle
donne.
Que l'on soit SDF, étudiant ou cadre supérieur, on peut tout d'abord penser à
s'armer en précieux liquide en
s'y prenant un peu plus tôt ou
se rendant avant 22h dans l'une des grandes surfaces soigneusement contournées
par le périmètre d'interdiction. Mais il suffit d'un peu de motivation, de
flair et d'habitude pour dénicher sans difficultés de la bière, du vin ou de
la vodka au-delà de 21h et dans l'hyper-centre même.
Les épiceries n'hésitant pas à contourner l'interdit -
elles encourent une contravention de 750€ ! - se comptent sur les doigts d'au
moins une main. Avec les livreurs de pizzas, de sushis et les snacks qui
ferment aussi les yeux pour ne pas perdre leur clientèle, cela commence à
faire plusieurs mains? Vendues par certains "à
la tête du client" ou bien avec injonction de les dissimuler dans un sac à
dos, les bouteilles fleurissent après la tombée de la nuit et finissent
souvent par être abandonnées, vides, sur la chaussée.
"Au
tout début, la police en civil a tourné mais ça n'a pas duré très longtemps", constate
un épicier. Et de réclamer "un
minimum de tolérance" tout
en emballant soigneusement notre bouteille de rouge dans un sac plastique,
alors qu'il est déjà 21h15. "De
toute manière, il n'y a rien qui prouve que c'est moi qui vous l'ai vendue",
dit-il. "Il
y a même un élu qui vient parfois m'acheter du vin alors que l'horaire est
dépassé", affirme quelques mètres plus loin un autre commerçant qui ne
semble pas particulièrement effrayé par la sanction encourue.
"Le
soir, on voit toujours autant de bandes hurlantes marcher avec des bouteilles
de bières ou d'alcools forts dans les mains. On se demande où ils les
achètent ! On sait que certains commerçants se sont plaints que d'autres
étaient trop laxistes", avance Daniel L'Huillier, président du CIQ coeur
de ville. "Cette
mesure était une
bonne chose en soi mais sa portée s'avère limitée. C'est la
consommation d'alcool dans son ensemble qui pose problème. Notamment les
établissements dont les terrasses s'étendent illégalement et qui continuent de
vendre sur la voie publique en posant, pas exemple, des pompes à bières sur le
trottoir", poursuit ce témoin résidant à deux pas de la bouillonnante rue
de la Verrerie.
Dans le quartier de la Gare, où se trouve une alimentation ouverte toute la
nuit, le discours est sensiblement différent. "Il
y a eu une amélioration même s'il y a encore parfois encore des troubles. Dans
ce cas, on
fait appel à la police municipale", indique la présidente du CIQ
Marie-France Tagarian. Les commerçants, eux, déplorent une baisse considérable
de leurs chiffres d'affaires : certains ont tout simplement décidé de fermer à
21h.
"Pour
nous, les ventes entre 21h et 22h représentent autour de 50% de notre chiffre
d'affaires. Les gens ne viennent pas à cette heure pour une plaquette de
beurre", résume Nicolas Caruana, patron d'une supérette dans la rue
Mignet. Un mois après l'arrêté, il
était à l'origine d'une pétition signée en octobre 2009 par plus de
1500 personnes, accompagnée d'une lettre signée de dix commerçants, réclamant
la tenue d'un débat public sur le sujet. "Nous
n'avons même pas eu de réponse, ni d'accusé de réception de la part de la
mairie, regrette-t-il. Cela
ne fait pas très plaisir aux administrés et contribuables que nous sommes".
En dépit d'une mesure prise à l'origine pour "réduire
la consommation chez les jeunes", - comme l'affirmait Jules Susini dans
nos colonnes le 3 octobre 2009 - l'alcool
continue de couler dans la vie nocturne aixoise. De source policière,
"de
nombreux contrôles ont été effectués, par les polices municipale et nationale,
mais jamais aucune infraction en flagrant délit n'a pu être constatée".
Sollicités par La Provence Jules Susini et Jean-Christophe Grossi,
respectivement adjoint à la sécurité et au commerce, officiellement en
vacances, n'ont finalement pu être joints.