AFP - Loic Venance
Sept agents ont été condamnés à des peines de six mois à un an de prison ferme. Cinq sont radiés de la police
Le tribunal de Bobigny les a reconnus coupable de mensonge. Ils avaient accusé à tort un homme d'avoir percuté volontairement un agent de police qui tentait de l'interpeller.

Les faits  se sont déroulés à Aulnay-sous-Bois le 9 septembre dernier. Le policier, blessé, avait en fait été renversé par le véhicule de ses collègues.
 
 

Un premier groupe de policiers s'était embarqué dans une course-poursuite avec un chauffard. Pour masquer la mauvaise manœuvre du second véhicule, les policiers s'étaient concertés pour accuser le conducteur arrêté dans le procès-verbal.

 

Placé en garde à vue pour tentative d'homicide sur fonctionnaire de police, l'accusé avait nié les faits. Les policiers confrontés ont fini par reconnaître le faux ainsi que des faits aggravés à l'encontre du conducteur. A la barre, trois policiers ont reconnu avoir menti. L'un d'eux a accusé un collègue de lui avoir demandé de rédiger un faux. Les autres ont nié.

 

Le tribunal a mis en avant "la gravité des faits". Il a expliqué qu'il avait distingué ceux qui étaient poursuivis pour violence aggravée, des autres policiers. La victime avait reçu des coups après son interpellation et 5 jours d'incapacité totale de travail lui avaient été prescrits. Pour les faux en écriture, le tribunal a également statué "selon le degré de participation" et selon "l'attitude devant l'IGS (Inspection générale des services, police des polices) et devant le tribunal".

 

Trois agents ont été condamnés à 12 mois de prison, un à 9 mois, un autre à 7 mois et deux à 6 mois. La condamnation ne sera pas inscrite au casier judiciaire de ces deux derniers, contrairement aux 5 autres.

 

Ces peines vont bien au-delà des réquisitions prononcées le 4 novembre par le substitut du procureur, qui avait réclamé des peines assorties de sursis, trois mois contre trois policiers et six mois contre les quatre autres. Il avait demandé que cinq d'entre eux quittent la police. Certains avocats ont annoncé qu'ils allaient faire appel de ce jugement "inattendu".

De son côté, le syndicat Alliance s'est déclaré "en colère, atterré et écoeuré" par le verdict. "Les policiers ont reconnu la faute commise et nous ne comprenons pas. Si on veut décourager les policiers, on a visé juste", a expliqué Jean-Claude Delage, le secrétaire général du syndicat. "Ces condamnations sont totalement disproportionnées", lâche quant à lui le syndicat Unité-police SGP-FO.

Plusieurs dizaines de policiers en civil et en uniforme ont manifesté leur soutien à leurs collègue devant le tribunal avant de faire retentir les sirènes de leurs véhicules.

Le procès avait été très agité. Le représentant du parquet était allé jusqu'à comparer les policiers dans cette affaire à la Gestapo, provoquant des huées dans la salle du tribunal et un tollé dès le lendemain, notamment chez les syndicats de police. Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux, avait demandé une enquête. Celle-ci est toujours en cours.