0/09/10 | 00:26 | Marie Bellan
Loi sur la sécurité intérieure : le Sénat rentre dans le rang
Le vote de la loi sur la sécurité intérieure sera bouclé ce soir au Palais
du Luxembourg. Un compromis a été trouvé hier avec le gouvernement sur les
dispositions sensibles.
Le clash a été finalement évité. Les sénateurs et le gouvernement ont trouvé
hier un terrain d'entente sur la loi sur la sécurité intérieure, dite Loppsi 2,
à la suite de négociations très ardues. Mardi, en commission des Lois, trois
dispositions majeures de ce texte avaient été rejetées. Ce qui avait fait
grand bruit. L'exécutif a accepté hier de modifier son texte pour rallier
notamment le vote de sénateurs centristes, qui ont, de leur côté, mis pas mal
d'eau dans leur vin. Un impératif politique, dans la mesure où les points de
désaccord portaient très exactement sur les mesures phares annoncées par le
président de la République lors de son discours de Grenoble fin juillet.
Libre appréciation du juge
Sur l'extension des peines planchers dès le premier acte de violence (et plus
seulement pour les récidivistes comme le prévoit la loi actuellement), les
sénateurs ont obtenu que ne soient concernés que les auteurs de crimes
passibles d'au moins dix ans de prison. Il s'agissait pourtant d'une des
propositions les plus critiquées en commission des Lois, en particulier par
François Zocchetto, sénateur centriste : « Le dispositif des peines
planchers, qui existe depuis peu de temps pour les récidivistes, est déjà
compliqué juridiquement et nous avons peu de recul sur son application,
expliquait-il en début de journée. L'étendre aujourd'hui serait courir le
risque de voir certains juges requalifier des faits de violence aggravée en
violence simple pour garder leur libre-arbitre et contourner le système des
peines planchers. Les condamnations seraient alors inférieures à ce qu'elles
auraient dû être. » Si le principe des peines planchers va bel et bien
être étendu, le juge conservera la possibilité de ne pas l'appliquer, eu égard
à sa libre appréciation, qui reste l'un des grands principes du droit
français. Dans ce cas, son rejet devra être motivé.
Sur la comparution immédiate des mineurs (sans passer par le juge des
enfants), les sénateurs ont demandé à ce que la mesure ne s'applique qu'aux
mineurs ayant déjà commis la même infraction dans les six mois précédents.
« S'il s'agit d'une autre infraction, même récente, le mineur devra être
présenté au juge des enfants », précise Nicolas About, président du
groupe centriste.
Eviter un rejet pur et simple
Le troisième amendement contesté du gouvernement concernait la peine
incompressible de trente ans de prison pour les meurtriers de policiers ou de
gendarmes. « Aujourd'hui, une peine de sûreté de vingt-deux ans existe
déjà en pareil cas, or elle n'a jamais été utilisée », souligne Jean-René
Lecerf, sénateur UMP, membre de la commission des Lois. Le gouvernement, pour
convaincre les sénateurs, a accepté de limiter cette peine à des cas de
meurtre des forces de l'ordre délibéré lors de guet-apens par exemple, ou en
bande organisée.
Ces amendements, modifiés par des sous-amendements, devaient être examinés
hier soir en séance publique. L'objectif du gouvernement était d'éviter le
rejet pur et simple de ces propositions, ce qui aurait rendu impossible leur
examen par les députés en deuxième lecture. Il y a fort à parier que
l'exécutif reviendra à la charge lors de l'examen au Palais-Bourbon et
réintroduira les mesures initialement annoncées par le chef de l'Etat.
MARIE BELLAN, Les Echos
police municipale d'aix en provence